Avez-vous des toilettes s'il vous plait ?

Steve, un transgenre suisse arrive à Charleroi dans une petite MG vert bouteille pour assister à un colloque sur la low-tech. Malheureusement il rate sa sortie et se perds définitivement sur le ring. Inopinément, il s'engouffre dans une voie sans issue qui débouche sur l'entrée d'un parking géant. C'est à ce moment que la lumière rouge de son niveau d'essence s'allume ! Balayant l'endroit du regard, il voit une indication pour une pompe à essence et décide de la suivre.  C'est un parking décidément étrange, fabriqué en spirale comme on en fait plus chez lui vu que très peu de personnes peuvent encore se payer une voiture. Il monte ,ça tourne, ça monte, ça tourne. Il ne voit que quelques voitures, abandonnées, Quand il arrive au  bout du monde, sa voiture  s'arrête nette, c'est la panne sèche.  Il emprunte alors le seul petit escalier qu'il voit et arrive dans l'arrière d'un grand magasin, sous un grand verrière. Des paravents japonisants cachent vaille que vaille la partie commerciale du magasin. Il y a 2 caissières qui fument. Quelques chaises de jardin en plastique, leurs sac à main. Il comprend que c'est un lieu de repos en dehors du boulot fatiguant et sans plus de sens depuis que les employé·e·s ne peuvent plus voir les clients et clients qu'à travers des écrans, mesures sanitaires obligent.

Steve salue les 2 dames  et leur demande si elles ont des toilettes. Elles font non de la tête et continuent de fumer sans dire un mot, les traits tirés, le regard las. Fatigué par sa longue route depuis son village d'Euroville-sur-sion, il décide de passer la nuit là.  Il urine dans une bouteille vide mais  essuie le regard réprobateur des caissières. Elles se retiennent  toute la journée, elles !.......et ont d'ailleurs de la constipation et des hémorroïde à force. Elles ont appris à se retenir depuis leur tendre enfance, à l'école . En effet, elles avaient peur d'aller aux toilettes car les garçons s’arrangeaient toujours pour regarder par un trou ou au-dessus de la cloison ! Elles en ont encore des frissons rien que de repenser  à la longue hésitation qui précède ce moment, cette période angoissante jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus se retenir et  cours aux toilettes , déjà terrorisée qu'un garçon de la classe "du dessus", soit embusqué dans une toilette voisine.  

Steve, se souvenant qu'il a  fait des feuillées chez les scouts, s’aventure de l'autre coté des paravents , et passant des un dédale de rayons inhabités, arrive au rayon bricolage . Il embarque  du sable, un large seau de mélange à béton et une lunette de wc . En chemin, il passe dans le rayon animalerie et voit une litière 100% végétale, biodégradable, compostable !  Tilt ! Ce sera encore mieux que le sable se dit-il !  Je vais d'ailleurs aussi prendre des pelles à litière tant que j'y suis.

Revenu près des caissières fumants, il  verse la litière de mais dans le seau, pose la lunette par dessus et , tout fière, propose aux dames de tester ......sa  toilette sèche. D'abord réticentes, elles vont finir par en trouver des avantages à ce système  étrange . Pas de bruit, pas d'odeur et même une légère senteur de mais. Il leur suffit de ramasser leurs petits pâtés immédiatement solidifiés  et de le fourrer dans un sac avec glissière pour  jeter son contenu dans leur wc dès le retour à la maison. Elles ont tout de même  demandé à Steve de transformer leurs vieux paravents en cloison afin d'avoir un peu d’intimité...

Depuis ce jour, le magasin a accepté de placer ces toilettes sèches à divers endroits du magasin, pour les employé·e·s mais aussi pour les client·e·s. Et ça a fait le buzz !